Benjamin Fondane devant l'histoire N° 14
Infamies grammaticales
Hélène Lenz « D’autres que NOUS (flâneurs, grammairiens mûris au miel intime du poème »[1],
Dans des textes de critique littéraire publiés dans la presse roumaine avant 1923, Fondane a développé des réflexions sur des problèmes de poétique, mais aussi sur la nature de la langue littéraire. Citons plusieurs séries d’articles : « Noi simboliştii I/ Nous, les symbolistes I »[2], « Noi simboliştii II/ Nous les symbolistes II »[3], au sujet d’un mouvement littéraire et sa poétique. D’autres chroniques ont formulé des observations sur la légitimité d’un genre en plein essor : « Critica – Probleme vechi, I, II, III/ La critique, anciens problèmes I, II, III »[4], ou sur la théorisation de l’art du langage depuis Aristote : « Probleme de poetică/ Problèmes de poétique »[5], « Probleme de poetică : decadenţă / Problèmes de poétique : la décadence »[6]. Sur une « finesse esthétique » d’un critique moldave : « Spiritul critic în cultura românească, I, II[7] / L’esprit critique dans la culture roumaine I, II »,[8] où il commente l’oeuvre de Garabet Ibrăileanu, théoricien d’origine arménienne, traducteur, sociologue, professeur à l’Université de Iaşi (1908-1934).
Quant aux trois articles intitulés « Syntaxe », dont nous publions la traduction, ils méritent particulièrement notre attention pour leur perspicacité concernant la langue littéraire. Le point de départ du premier texte est polémique. Il fait état d’estimations liées à une xénophobie, sinon à un racisme, dont Fundoianu démonte les rouages méthodiquement. Comme d’habitude, l’attitude de l’auteur est celle d’un intellectuel qui, sans se départir d’une fine ironie, se garde de toute véhémence :
« La plupart des écrivains roumains se sont réciproquement exclus de la littérature, - en maniant une injure : l’ignorance du roumain. L’injure se revêt d’un poids accablant quand l’acte de naissance de l’auteur de l’écrit renvoie à une origine sémite. »
Selon Constantin Pricop, Fundoianu évoque ici un problème perçu par Bakhtine. Ce théoricien distingue la grammaire de la translinguistique, préfigurant la pragmatique. Alors que la grammaire traite de ce qui est réitérable, il faut créer une nouvelle discipline pour étudier le langage dans ses conditions concrètes d’utilisation.[9]
Le deuxième texte montre que la xénophobie linguistique est en contradiction avec l’histoire même de la littérature roumaine, puisque des auteurs fondateurs ont élaboré la langue littéraire nationale sur des calques étrangers relevant de textes chrétiens orthodoxes.
Le troisième article évoque le modèle génératif premier aux yeux des romanistes : la stylistique des Latins. Ces derniers aussi distinguaient les bons écrivains à partir d’évaluations fondées sur une estimation stylistico-syntaxique. Cette analyse, qui se réfère nommément à Aristote, rappelle certains passages de « L’Art poétique » d’Horace, qui n’est pas cité, mais pourrait être un souvenir de lecture scolaire de l’auteur du poème « A Taliarh » (Privelişti), (si proche de « Taliarchus », [10] qu’on pourrait le voir comme son pastiche). Les alliances des termes, la création néologique, étaient approuvées par Horace. [11]
La « faute syntaxique », commentée dans le troisième texte, rappelle Horace[12] au même titre que l’idée de « circulation ». L’auteur latin jugeait vital de « mettre en circulation un mot marqué au coin de l’année »[13]. De même, le métropolite Simion Ştefan, un des premiers traducteurs roumains, énonce : « Les mots doivent être comme des pièces de monnaie […] Les bons sont valables partout. » Si la faute est syntaxique, affirme Fundoianu, c’est sa valeur de circulation qui doit trancher ; si elle lui permet de s’implanter dans l’écriture contemporaine, elle ne se nomme plus faute, mais rébellion ou révolution. Nul ne s’étonnera que Fondane, à la suite de Hugo, de Claudel, de Proust, se place sous le signe de la rébellion, s’élevant dès sa jeunesse contre le carcan de la grammaire normative.
Benjamin Fondane
SYNTAXE
(Une incursion dans la littérature roumaine)
I
Il y a quelques jours, dans des colonnes de journal, Monsieur Scarlat Froda[14] a traité par l’anecdote un problème méritant davantage de passion et d’importance. Il a cependant produit au grand jour une observation féconde en signification. La plupart des écrivains roumains se sont réciproquement exclus de la littérature, – en maniant une injure : l’ignorance du roumain. L’injure se revêt d’un poids accablant quand l’acte de naissance de l’auteur de l’écrit renvoie à une origine sémite.[15] Son texte est alors suspecté jusqu’à l’absurde et d’innombrables critiques ont prouvé que la langue de Ronetti-Roman[16] n’est pas roumaine. Je regrette que Messieurs Toma et Nemţeanu n’aient pas été plus grands poètes. On leur aurait fait l’honneur de leur découvrir cette même lacune - tous deux, en particulier A. Toma – écrivent un roumain on ne peut plus pur.
Le plus beau cas est celui du critique Lovinescu réexaminant Galaction[17]. (A ses yeux) « Bisericuţa din răzoare/ La chapelle des sentiers[18]» a le défaut d’être écrit dans un style barbare : l’auteur aurait mélangé des mots par ignorance de la langue roumaine. L’impression des autres – j’ose la renforcer de la mienne –, c’est que Galaction fait partie des deux, trois (auteurs) à avoir conféré à la langue roumaine une saveur sans pareille. La langue de Galaction a conservé les mots, comme on conserve les fruits jusqu’à ce qu’ils se ratatinent.
Assez archaïsée, la langue de Galaction s’est renouvelée avec le greffon du vocabulaire français, dans la mesure où les termes démodés et ceux qui étaient trop nouveaux à l’oreille pouvaient harmonieusement cohabiter.
Arghezi est passé lui aussi par le poteau de l’infamie grammaticale. Même ses admirateurs voient Arghezi comme un médiocre connaisseur de sa propre langue. A mes yeux, Arghezi sait assez la langue roumaine pour la démolir et pour la construire. Avant de faire la révolution ailleurs, les grands artistes s’attaquent à la langue écrite. Eminescu est l’auteur de la première révolution. Trente ans plus tard, Arghezi a suscité la deuxième.
En attendant de découvrir le point de départ de la confusion –, enregistrons une des plus odieuses calomnies inventée par les hommes: une personne née en Pays roumain, ayant bu le lait d’un sein autochtone, ayant appris de son premier instituteur en classe préparatoire « Mioriţa »[19] peut être accusée de ne pas connaître le seul élément tangible de sa patrie.
Il existe des déracinés, des hommes incapables de s’assimiler le milieu nouveau où la mer sociale les a précipités. La biologie et la sociologie refusent de comprendre qu’un déraciné apparaisse dans un milieu favorable à l’élément (qu’il représente). Un palmier peut geler au pôle et un renne suffoquer sous les tropiques.
Un palmier incapable de supporter la chaleur des Tropiques et un renne gelant au pôle deviennent des phénomènes possibles dès qu’on prouve que les Roumains nés en Pays roumain ne savent pas le roumain.
Relevons dans l’injure une première nuance de sens. Savoir le roumain quand on l’écrit est autre chose que savoir le roumain quand on le parle. Je dirais que ces deux propositions sont aux antipodes. Dans la phrase parlée, l’homme est un reproducteur.
Sa langue est un pastiche, plutôt une copie d’après la langue apprise dans l’enfance, bien mémorisée, pour éviter que les mots ne se détachent des objets représentés. L’artiste, dans la langue, est un créateur. Avant d’atteindre l’émotion et l’âme humaine - l’artiste s’arrête à l’instrument. Le peintre traduit lui aussi des états d’âme, de même que le musicien, le danseur. A une différence près : l’écrivain réalise en langue, le peintre en peinture et le pantomime en mouvement.
Avant de prouver son originalité en quelque domaine, l’écrivain doit en faire la preuve en matière de langue. Il a pour devoir de donner naissance à des mots nouveaux ou de tuer les anciens. Nettoyer les mots de leur rouille ou en changer le sens. Agencer autrement leur ordre pour que du rapport nouveau jaillisse avec véhémence non la clarté des mots, mais la clarté de l’image évoquée dans les mots comme un sortilège.
Les éléments dont use l’artiste pour la fabrication de sa prose prennent le nom global de style. Quand Arghezi écrit, le lecteur ordinaire ressent davantage la distance entre sa propre phrase et celle d’Arghezi. Aussi clame-t-il qu’Arghezi ne sait pas le roumain. Il oublie ce qu’il a appris en grammaire. Il oublie qu’entre sa propre phrase et celle de l’écrivain, il doit exister autant de distance qu’entre une proposition, pensée dite ou écrite, et un style, - une proposition vue par un tempérament créateur.
Rampa, 28 mars, 1921, p.1.
II
Arghezi[20] introduit des mots anciens, en enracine de nouveaux, en abrège certains, en allonge d’autres : il modifie. Il ne sait pas le roumain ? Ses critiques pourraient de temps en temps lire Aristote. Ce n’est pas pédanterie que de le feuilleter ou de découvrir au chapitre XXII de sa Poétique ces formulations :
« Ce qui ne contribue pas peu à la clarté et à l’élévation du style, c’est d’allonger, d’abréger, de modifier les mots. En effet, s’écartant de la forme consacrée par l’habitude, ils ne seront pas vulgaires et, par ce qu’ils gardent en commun avec l’habitude, ils produiront la clarté. »
Qu’est-ce que la langue roumaine ? La langue usuelle ? La langue ancestrale, non abîmée par le jargon d’un voisin linguistique ? Lisons un feuillet, ouvert par hasard, de Viaţa Sfinţilor /La Vie des Saints du métropolite Dosithei[21] :
« Et alors, le visage et le corps de l’inspiré gisant à terre ; des chrétiens d’ici essayèrent de l’enterrer dans le sol. A nouveau un serviteur du saint recueillit le sang sacré de sa gorge bénie. »
Dans cette citation, la langue, quoique roumaine, a un autre vocabulaire, une autre syntaxe, une autre orthographe qu’aujourd’hui. Les lois régissant la langue sont changeantes et la grammaire est d’autant meilleure qu’elle indique les lois auxquelles les phénomènes se sont soumis à un certain moment. Quand la grammaire se dresse comme un épouvantail destiné à effrayer les malfaiteurs linguistiques ou quand elle sert à combattre les nouveaux créateurs, je soutiens que toutes les trois décennies, la même grammaire est changée par des écoles littéraires. Nos écrits peuvent être, en conséquence, l’objet de la grammaire de demain, à laquelle notre victoire imposera ses lois et sa codification.
Il existe un génie de la langue – disent les critiques –, un génie autorisant la liberté, dans les limites d’une ethnicité stable. Dosithei a-t-il eu ce génie, quand il a traduit les saints en roumain en usant du vocabulaire et de la syntaxe slavonne ? Miron Costin[22] l’a-t-il eu, avec sa syntaxe polonaise? Et Creangă[23] empêché d’entrer dans la circulation littéraire par sa langue tissée de provincialismes ? L’avons-nous tous, Arghezi en tête, avec notre utilisation de la syntaxe française ? Ronetti Roman était-il plus coupable encore par ignorance, avec sa langue obéissant à la construction allemande ?
Naturellement il y a plusieurs manières de pécher contre la langue. Quand Aderca écrit : « Tous deux se regardèrent de côté, heureux de trouver une diversion à leur amour commençant si péniblement ! » – ou : « elle qui par prédisposition organique, voyait les choses sous un jour favorable » – on peut lui faire deux reproches. Dans la première phrase, il utilise l’infinitif, dans la seconde il fait seulement preuve de mauvais goût. En aucun cas, nous ne le suspectons de ne pas connaître la langue comme le fait le chroniqueur de L’Indreptarea/ La Correction pour le renvoyer au jargon yiddish. Quand notre ami G. Dem. Theodorescu[24], auteur du célèbre roman In cetatea idealului/ Dans la cité de l’Idéal, écrit : « Mademoiselle Mariette a tenté à son tour de parvenir à être dure » – la phrase pèche par accumulation de trois verbes consécutifs dont à nouveau un infinitif mal placé. Nous le lui reprochons, et si la chose se répète, nous l’accuserons de manquer de talent, mais pas de connaissance de la langue.
Quand Minulescu écrit « în violet, în alb, în roz, şi-n-bleu »/ « en violet, en blanc, en rose, et en bleu » l’erreur est imputable aux néologismes trop nombreux à avoir pénétré dans la langue. Galaction commet la même faute dans Gloria Constantini/ La gloire de Constantini – une faute dont Monsieur Lovinescu, homme de trop bon goût, a déjà abusé.
Ajoutons – pour être plus précis – que Monsieur Lovinescu, qui est loin d’avoir le talent d’Aderca, serait incapable de commettre des phrases comme celles d’Aderca ou Theodorescu citées plus haut.
En revanche, Arghezi écrit (dans une phrase du premier article de la première Chronique sur ma table) : « Le cavalier de l’armure s’était impatienté et sortant au mauvais moment par rupture d’un axe en quelque sorte intérieur, tomba sur la place publique parmi les cochers, avec sa montre et tout son prestige antique ».
La phrase ne heurte ni par la déclinaison d’un substantif ni par la conjugaison d’un verbe. Arghezi énonce « ax » pour « axe » et dit « netimp/ non temps » au lieu d’user de la périphrase : « la un timp nepotrivit/ au mauvais moment ». Le lecteur est gêné par « ax », par « netimp » quoique le Porte-Epée Milescu dans sa chronique soit allé jusqu’à écrire « nepace/ non paix » dans « prepusuri de nepace/ soupçons de guerre ». Mais ce qui gêne surtout le lecteur, chez Arghezi, c’est l’ordre des mots bouleversé, le prédicat loin du sujet, l’adjectif avant le substantif, une foule de violations de la langue.
Quand Coşbuc[25], un puriste en matière de langue, traduit les Georgiques de Virgile, écoutez :
Insă de-acuma pe tine tu, Bah […]
Mais à présent, toi, Bah […]
Hé bien, la langue roumaine coutumière est meurtrie – et meurtrir la langue est tout autre chose que de produire un écart de simple grammaire, c’est le problème que nous abordons précisément : la syntaxe.
Rampa, 31 mars 1921, p.3.
III
Nous en venons à la syntaxe - pour établir la différence éludée par notre ami Froda, quand il s’étonne de voir les lettrés se calomnier entre eux, s’accuser de ne pas connaître la langue. Ce que la grammaire peut contrôler de manière mesurée mais calculable, ce sont les écarts de ses lois constantes: conjugaison ou déclinaison. Mais cet aspect de la grammaire peut ne jamais se manifester, étant donné qu’il est possible de parler une langue sans avoir été obligé d’apprendre auparavant sa grammaire. La grammaire est une chose que seuls les étrangers apprennent : si les Romains avaient été obligés d’apprendre leur propre grammaire latine, ils n’auraient plus eu le temps de conquérir le monde, a dit Heine dans une boutade.
La grammaire ne peut intervenir dans le domaine de la syntaxe. Ici, prennent fin les lois permettant de calculer la faute. Le problème fait intervenir le bon sens, ou le goût. Un élève de lycée sait bien que la différence entre deux plaidoiries : contre Catilina et en faveur d’Annius est dans la syntaxe. Il le sait bien, étant donné qu’une Catilinaire peut aisément être transposée, traduite en phrase ordinaire – alors que la plaidoirie pour Annius vous tient dictionnaire en main durant cinq ou six alinéas sans découvrir le verbe de la proposition. Si l’on étudie les mémoires de César en première année de cours supérieur, et Tacite en dernière année – c’est parce ce que César, qui n’était pas écrivain, avait une phrase simple, sans sinuosité, une phrase de centurion – et Tacite, un propos aux mots savamment pesés, rangés sur l’étagère de la phrase en fonction de leur conformité et de leur courbe. C’est la même langue latine, du latin savant – et pourtant la différence réside dans le fait que Tacite ne savait pas le latin, puisqu’il avait une syntaxe personnelle.
Le problème nous préoccupe davantage que ne le croit Froda et qu’il ne l’a montré. Les discussions quotidiennes, l’apparition d’Arghezi dans notre littérature rendent son élucidation inévitable. La syntaxe passe pour une forme de la grammaire, pour un instrument inférieur et on la confond, bien plus qu’on ne veut l’admettre, avec la morphologie. Naturellement Monsieur Șăineanu[26] est à incriminer, lui qui parmi tant de termes dont il a oublié d’indiquer le sens a donné du mot syntaxe cette définition : « la partie de la grammaire qui expose les règles de construction des mots et des propositions ». (Dicţionar universal / Dictionnaire universel de la langue roumaine).
Le Larousse illustré est mieux informé, page 963 :
« Syntaxe (tak-se), n.f. (gr. sun, avec, et taxis, ordre). Gramm. Partie de la grammaire qui traite de la fonction et de la disposition des mots ; étudier la syntaxe latine. Volume où est exposée cette partie de la grammaire. »[27]
La syntaxe commence donc avec la disposition des mots de la phrase, et c’est pourquoi notre collègue Froda commet une grave erreur en affirmant que les écrivains d’après guerre vivent sur son dos comme des sangsues. Les écrivains d’aujourd’hui sans exception écrivent de manière si commune que leur syntaxe n’apporte rien que des choses usées – c’est pourquoi on ne peut parler d’elle. La syntaxe commence à partir du moment où on adresse à quelqu’un l’injure de ne pas savoir le roumain parce qu’il a l’habitude de jouer avec l’ordre des mots et d’obliger son lecteur à une autre respiration pour lui faire trouver le verbe ailleurs qu’on ne le place d’ordinaire, par exemple. Alors l’écrivain est un novateur. Il est bon novateur, quand sa phrase a valeur de circulation – comme c’est le cas d’Arghezi –, et mauvais quand ses phrases s’embrouillent dans la lourdeur des mots installés gauchement, à dessein.
Hugo est un génie du vocabulaire, un génie de la métaphore, tandis que le génie de Flaubert – ou de Mallarmé – opère sur le plan syntaxique. Théophile Gautier connaissait si bien le secret de la phrase qu’il en témoigne dans une causerie recueillie par le Journal des Frères Goncourt : « Je lance mes phrases en l’air, comme des chats; je suis sûr qu’elles retomberont sur leurs pattes. Et c’est tout naturel : cela suffit pour avoir une bonne syntaxe ».[28]
En résumé, la question est extérieure à la connaissance de la langue roumaine. Elle a deux aspects. Quand la faute se produit en fonction de la morphologie, de la construction des mots, alors le seul juge est le goût. Je n’ai pas nommé Monsieur Lovinescu. Mais quand la faute est dans la syntaxe, alors le seul juge est sa valeur de circulation. Si l’erreur s’arrête à l’artiste, elle l’asphyxie, mais si elle se continue par des racines dans l’écriture contemporaine, elle est consacrée comme glorieuse, et on la nomme d’après son importance, simple rébellion ou révolution.
Rampa, 1er avril 1921, p.3.
Textes traduits par Hélène Lenz.
[1] B. Fondane, « Le Mal des fantômes », Verdier, 2006, p. 100.
[2] B. Fundoianu, Imagini și cărţi, Editura Minerva, Bucureşti, 1980, p. 133. Les deux textes de « Nous, les symbolistes » sont publiés dans Rampa, le 21 janvier 1919 et le 10 mars 1919.
[3] Op.cit., p. 137. Textes publiés dans Rampa, le 2 mars, le 3 mars et le 5 mars 1922.
[4] Ibid., p. 177, p. 179, p. 180.
[5] Ibid., p. 185. Sburătorul literar, 3 juin 1922.
[6] Ibid., p. 192 Sburătorul literar, 10 juin 1922.
[9] C. Pricop, « Vases communicants. B. Fundoianu et la littérature roumaine », Cahiers Benjamin Fondane, No9, p. 167, traduit par H. Lenz.
[10] , « A Thaliarchus » est la neuvième ode du livre I des Odes d’Horace.
[11] Horace, « L’Art poétique ou Epître aux Pisons », tr. française de Fr. Richard, Garnier, 1944. Voir http ://bcs.fltr.ucl.ac.be/hor/pisons. Voir vers 46-50 et vers 50-55.
[14] Scarlat Froda (Weitzendorf, 1898-1964) : critique de théâtre et dramaturge. Il a joué un rôle d’animateur culturel, directeur à partir de 1927 de Rampa, (fondé par N.D. Cocea en 1911, et supprimé en 1938 par la loi Goga-Cuza de « purification ethnique » de la presse). Entre 1919 et 1923, B.Fundoianu y publia de nombreuses critiques dont « Syntaxe I, II, III ». Voir l’article « Scarlat Froda », dans Al. Mirodan, Dicţionar neconvenţional al scritorilor evrei de limbă română, vol. II DEF, Ed. Minimum, Tel-Aviv, 1997, p. 293. N.d.T.
[15] Dès 1919, B.Fundoianu réfute des assertions sur la « race » juive. Voir à ce sujet : « Quelques réflexions à propos de la race », dans Mântuirea, 17 avril 1919. Traduit du roumain par H. Lenz dans : Benjamin Fondane à la recherche du judaïsme, M. Jutrin, Ed. Parole et silence, 2009. N.d.T.
[16] M. Ronetti-Roman (1853-1908). Poète, écrivain, dramaturge, auteur de : Manassé, mélodrame en quatre actes présentant l’amour impossible entre un jeune Roumain et la fille de Manassé Cohen de Fălticeni. Ronetti-Roman fut le premier à exprimer les dilemmes de l’identité juive dans une œuvre en langue roumaine. N.d.T.
[17] Gala Galaction (1879-1961) pseudonyme de Grigore Pisculescu, prêtre orthodoxe, romancier, dramaturge, traducteur de la Bible, lié d’amitié à Fondane. N.d.T.
[18] Recueil de nouvelles de Gala Galaction publié à Iași en 1914 : Bisericuţă din răzoare, Nuvele şi schiţe. N.d.T.
[19] Ballade considérée comme une pure synthèse de la mythologie populaire roumaine. Le récit met en scène un berger moldave aux troupeaux magnifiques, averti par son agnelle voyante (« mioriţa ») de la jalousie de deux rivaux préméditant de l’assassiner. Malgré la menace, le pâtre refuse de fuir, mais demande qu’on avertisse sa mère d’une disparition équivalant à des noces cosmiques, dont le soleil, la lune et les étoiles seront les flambeaux. N.d.T.
[20] Tudor Arghezi (1880-1967). Poète admiré par Fondane. N.d.T.
[21] Vietile Sfinţilor / Les Vies des saints du métropolite Dosoftei : légendes hagiographiques traduites du grec et du serbe. Aux côtés d’écrits apocryphes, attribués au Métropolite Varlaam, au Métropolite Antim Ivireanul, au Métropolite Simion Ştefan ou à la Bible de Bucarest (1688), le texte fait partie de la contribution littéraire religieuse à la formation de la langue roumaine. Dosoftei a traduit en outre un psautier versifié (Psaltirea) d’après le modèle polonais de Ian Kochanowski. N.d.T.
[22] Miron Costin (1633-1691). Chroniqueur de Moldavie, l’un des premiers écrivains et historiographes de langue roumaine. N.d.T.
[23] Ion Creangă. Classique de la littérature roumaine, issu du terroir moldave. N.d.T.
[24] G. Dem. Theodorescu (1849-1900). Homme politique, écrivain et historien littéraire roumain. N.d.T.
[25] George Coşbuc (1866-1918). Poète et traducteur ; ce laudateur de la vie rurale a été considéré comme un maître du vers. N.d.T.
[26] Lazăr Șăineanu. Linguiste né en 1859 à Ploieşti dans une famille juive modeste. Attiré dès le lycée par l’étude des langues, il apprend le latin, le grec, le sanscrit, l’hébreu, le français, l’allemand, le turc, le hongrois, et des langues slaves. A partir de 1887, il étudie à Paris à l’Ecole des Langues Orientales l’arabe littéraire, l’arabe vulgaire, le persan, le turc. Ses travaux publiés en roumain et en français sont variés et novateurs. A partir de 1892, il inaugure les recherches historiques en linguistique roumaine. En 1901, il s’installe définitivement à Paris, après des démarches infructueuses pour l’obtention de la citoyenneté roumaine. Mort en France en 1934, récompensé par des prix, décoré de la Légion d’Honneur, il n’avait toutefois pas réussi à obtenir une chaire lui assurant des revenus pour ses recherches. N.d.T.