SOCIÉTÉ D'ÉTUDES BENJAMIN FONDANE

Articles sur Fondane N° 1

Benjamin Fondane : un “Ulysse juif”

Monique Jutrin

                                                                 “Juif, naturellement, tu étais  juif,Ulysse” (M.F.25)[1]

 

Le périple de Benjamin Fondane commence en Roumanie à Jassy, à l’époque où cette ville comportait une importante communauté juive, pour se terminer tragiquement à Auschwitz, où il partagea le sort de ses frères.

Complexes et conflictuels sont les rapports de l’écrivain juif avec le monde occidental. Pour Benjamin Wechsler, devenu l’écrivain roumain B. Fundoianu avant de se transformer en Benjamin Fondane, poète et philosophe français , la conquête de l’identité fut ardue.

Né en 1898 à Jassy , Benjamin Wechsler choisit le nom de Fundoianu pour faire son entrée en littérature. Ecrivain précoce, il laisse une œuvre considérable en langue roumaine. Aujourd'hui il est considéré en Roumanie comme un grand poète moderne. Fondane appartient à cette lignée d'écrivains roumains qui se laissèrent séduire par le rayonnement de la littérature française.En 1923, à l'âge de 25 ans, il débarque à Paris, où il devient Benjamin Fondane. Il travaille dans une compagnie d'assurances, où il rencontre Geneviève Tissier, qu'il épousera. Ensuite il entra aux studios Paramount comme scénariste. Dès son arrivée à Paris, il s'est mis à écrire en français. En 1933 paraissent simultanément son essai, fort remarqué, Rimbaud le voyou et son poème Ulysse. En 1936: La Conscience malheureuse, recueil d'articles philosophiques; en 1937: le poème Titanic et en 1938 son Faux Traité d'esthétique, qui contient une vive critique du surréalisme. Notons sa collaboration à diverses revues, littéraires et philosophiques, dont Les Cahiers du Sud où il tient une chronique: " La philosophie vivante". Entre temps, ce poète s'est initié à la philosophie: devenu philosophe, dira-t-il, pour faire plaisir à son maître et  ami Léon Chestov. Son dernier essai, Le Lundi existentiel et le Dimanche de l'Histoire,  est un texte fondateur de la pensée existentielle.

            Ayant obtenu la nationalité française en 1938, Fondane est mobilisé en 1940. Fait prisonnier, il s'évade; repris, il est relâché pour raisons de santé et retrouve dans sa chère rue Rollin sa femme et sa sœur aînée, Line, qui vivait avec eux. Fondane ne changea pas de domicile, malgré les exhortations de sa femme et de ses amis. Il ne porta pas l'étoile jaune. Par certains témoignages nous savons qu'il ne prit pas de précautions excessives. Et si, le mercredi, il assistait parfois au cours de Bachelard en Sorbonne, il préférait rester dans le petit bureau attenant à l'amphithéâtre, afin que l'on ne reproche pas à son ami la présence d'un juif à son cours.

            Fondane fut arrêté en même temps que sa sœur Line, à la suite d'une dénonciation, le 7 mars 1944. Sa femme réussit à obtenir sa libération en tant qu'époux d'une aryenne, mais ne put obtenir la libération de sa sœur. Fondane refusa d'être libéré sans sa sœur. Il fut interné à Drancy, d'où il fit parvenir quelques lettres à sa femme. La dernière lettre, qui fut transmise par une voie clandestine, contenait son testament: des indications précises pour la publication de son œuvre. Le lendemain, le 30 mai 1944, il fut déporté vers Auschwitz.

 

            Longtemps sa femme fut dans l'ignorance totale du sort qui lui avait été réservé. C'est seulement en octobre 1945 qu'elle saura que Fondane avait été assassiné l'année précédente dans la chambre à gaz. Grâce aux témoignages de certains rescapés, elle eut la consolation d'apprendre que, jusqu'au bout, il resta l'homme qu'il avait été, qu'il vécut sa philosophie. Il trouva le moyen de poursuivre des discussions passionnées avec d'autres détenus, et sa prodigieuse mémoire poétique lui permit de réciter Baudelaire, inlassablement. Sa femme apprit aussi qu'il tentait de réconforter ses compagnons, qu'il continuait à écrire des poèmes. La dernière image que nous ayons de Fondane nous est livrée par André Montagne:

            "Le lundi 2 octobre, dans l'après-midi, les camions vinrent chercher ceux qui avaient été désignés pour la chambre à gaz. Je vois encore Fondane sortir du block, passer très droit devant les SS, fermant le col de sa veste pour se protéger du froid et de la pluie, monter dans le camion."[2]

 

Irrésignation

Il nous faut situer la pensée existentielle de Fondane : elle  s’inscrit dans le cadre  d’une réflexion sur le Mal, ou plutôt d’un combat contre le Mal, mené de concert avec le philosophe  Léon Chestov. Pour Chestov comme pour Fondane, la pensée existentielle commence là  où se termine la pensée rationnelle : elle surgit devant le désespoir causé par le Mal. Car le Mal n’a pas précédé l’existence, et ne doit donc pas être accepté comme une nécessité. Le retour au paradis est possible : “La liberté ne consiste pas dans la possibilité de choisir entre le bien et le mal (…). Elle consiste dans la force et le pouvoir de ne pas admettre le mal”.

            Si elle n’ignore pas la réalité politique, cette lutte se situe au-delà de la politique, dans une tentative de restaurer à l’homme une liberté perdue. Sans  être

“croyants” ni “pratiquants”, Chestov et Fondane exigent un Dieu  créateur et tout- puissant. Leur judaïsme,  frondeur et subversif , ne se définit ni par une pratique ni par une observance,  il se nomme : irrésignation. Exigence spirituelle en dehors de tout cadre religieux établi , il incarne la réponse individuelle de ces Juifs hérétiques du XXèmesiècle.

Ce terme d’ “irrésignation”[3] apparaît dans la préface de la  Conscience malheureuse (1936). Ayant défini la philosophie  comme “l’acte par lequel l’existant pose sa propre existence, cherchant en lui  et hors de lui, avec ou contre les évidences, les possibilités mêmes de vivre, Fondane conclut que l’homme “continuera à témoigner de son irrésignation  tant que la réalité sera telle qu’elle est, par tous les moyens mis à sa disposition : par le poème, par le cri, par la foi ou par le suicide.”

L’on comprend que Fondane ait été poussé par le besoin de forger un terme nouveau pour désigner une forme particulière de révolte, cette force vive de la révolte contre la philosophie des philosophes . Car à la suite de Chestov , il part en guerre contre une pensée où la résignation  occupe une place centrale. “Toute philosophie  n’est qu’un conseil à la résignation”. Il propose une autre philosophie, existentielle, vivante, en acte.[4]

Il convient  de préciser ce que représente la poésie pour Fondane : c’est une fonction existentielle, une fonction métaphysique à l’égal de la philosophie. A un certain moment de l’histoire, nous dit Fondane, la séparation progressive de la raison et de la pensée mythique devint inévitable. Ce moment constitue la date de naissance de la poésie. Il conçoit la poésie comme “une force de restauration”, une force qui empêche l’homme de trop s’éloigner d’un état d’équilibre ayant existé dans un passé lointain. Cette audace suprême que Plotin réclame de la philosophie, seule la poésie en est capable. Cri, prière , acte magique, la poésie est à même de modifier le réel. Elle seule permet de “redresser un équilibre tordu”,d’ “affirmer la pleine réalité de nos actes”, “l’obscure certitude que l’existence a un sens, un acte, un répondant”.

Sans  être un “poète juif”, Fondane est existentiellement juif et poète. Tentant de cerner ses liens avec son peuple, le poète achoppe à une tension entre deux conceptions de l’existence : celle d’un destin individuel et celle d’un destin collectif du peuple. A la lueur des événements historiques, le poète prend de plus en plus conscience de cette vérité  qui s’inscrit profondément dans sa poésie.Devant l’imminence de la catastrophe, le poète retrouve  la voix du prophète pour parler au peuple dont il partage le destin.

 Une odyssée existentielle

            L’oeuvre poétique de Fondane apparait comme une odyssée existentielle comprenant essentiellement quatre longs poèmes : Ulysse, Titanic, L’Exode, Le Mal des Fantômes, réunis sous le titre : Le Mal des Fantômes.

 Ulysse

Ulysse fut mûri entre 1929 et 1933, pour être ensuite profondément remanié durant la guerre.Dans la première version, celle de 1933, le poète se décrit comme un être divisé : “Juif, naturellement, et cependant Ulysse”. Cette scission disparaît dans la dernière version : “Juif, naturellement, tu étais juif, Ulysse”.(M.F.25) Dans cette identification à Ulysse, se confondent son destin d’homme, de juif, de poète. Plus proche de l’Ulysse de Dante (tel qu’il apparaît dans le chant XXVI de l ‘Enfer) que de l’homme sage et mesuré de l’Odyssée, l’Ulysse de Fondane ne se confond ni avec le premier ni avec le second.La structure mythique lui sert de repoussoir, permettant de mettre en valeur, par contraste, sa différence. Né , non à Ithaque, mais à Jassy, dans une “ville de petits juifs accrochés à l’air”, son errance rappelle un exode ancien. Ce voyageur se révolte contre un destin imposé, il refuse d’en être passivement le

 jouet, réclamant un sens et un lieu, se situant dans l’Histoire et contre l’Histoire :

“Je pose mon poing dur sur la table du monde, je suis de ceux qui n’ont rien, qui veulent tout, je ne saurai jamais me résigner.” (M.F.45)

Ulysse en vient à incarner un destin individuel et collectif, une aventure existentielle et poétique. La figure de l’émigrant, cet exilé sans terre ni langue, qui se confond parfois avec le Juif errant, hante de manière obsédante la poésie de Fondane :

“Je suis de votre race,

j’emporte comme vous ma vie dans ma valise” (M.F.45)

 

Titanic

            Second périple parmi les hommes : la barque d’Ulysse s’est transformée en ce paquebot de luxe qui a tant fait rêver les foules. Evocation du monde des machines, des usines qui broient et humilient l’homme. Monde de la ville : bouches de métro, bistrots, cinéma, meeting d’ouvriers,… Toutefois c’est à la prière, et c’est à l’espoir que le poète confie “ les leviers de commande” (M.F. 140). C’est sur le pont d’une arche de Noé qu’un couple de chaque espèce va “refaire le monde anéanti” (M.F.151).

Après s’être plongé dans son passé, -celui de la petite ville aux Juifs “vêtus de prières anciennes” , aux paysans “en chemise brodée” (M.F.161)-le poète remonte à la surface pour retrouver sa solitude. Et c’est dans ses propres ténèbres que désormais il s’avance “sans lampe” :

          “Toute l’histoire me suit , - suis-je un résidu ou un terme ?

           A la lumière du sang je redescend en moi-même,

           toutes les routes se croisent, toutes les races se toisent.” (M.F.187)

Titanic s’achève sur un final apocalyptiquequi emprunte à l’Ecclésiaste son refrain :

         “Il est un temps de mourir et un temps de ne pas mourir

          de révolte perpétuelle- Un temps de folie et de haine ?

                                                                           SANS DOUTE ! (M.F.188)

 

Le Mal des Fantômes

            Quant au Mal des Fantômes, rédigé en 1942-43, ce “chef-d’oeuvre de ma quarante-cinquième année”, comme l’écrivait Fondane dans une lettre à Léon-Gabriel Gros,[5] il était intitulé à l’origine “Le Mal d’Ulysse”, ainsi qu’en témoigne un carnet de travail. Ce court recueil,écrit en tercets de décasyllabes, rappelant la terza rima de Dante, est divisée en 23 “Tableaux”, où se reconnaît la figure du voyageur, de l’émigrant.

Une vision juive de l’Histoire s’y fait jour : la Bible, qui décrit les événements du passé, révèle aussi la trame de l’Histoire future :

           “Nous étions au bord des Fleuves. Nous y sommes.”

Dans l’avant-dernière strophe, le poète réclame les “ Trompettes de la Fin” afin de mettre un terme à la souffrance  de ces errants, de ces “fantômes”.

 

L’Exode

            Dans la postface de l’Exode, Fondane précise que ce poème a été écrit entre Ulysse et Titanic, vers 1934 , à un moment où “l’auteur était fort loin de penser qu’il prophétisait”. Durant l’Occupation, Fondane remania ce texte, lui ajoutant la “Préface en prose” ainsi que l’ “Intermède”.

Si l’Exode, la sortie d’Egypte, est l’événement fondateur du peuple juif, le sous-titre du poème Super flumina Babylonis, emprunté au Psaume 137, rappelle l’expérience amère de l’exil babylonien. Ainsi le poète réunit-il dans un même souffle la libération et la captivité, l’espoir et l’angoisse. Le texte tout entier est animé de ce double mouvement antinomique. L’exil évoqué par le poète est celui de tout homme, étranger à cette terre, étranger à lui-même. Mais l’homme juif, qui si souvent l’a subi a son corps défendant, sait mieux que tout autre y reconnaître une condition existentielle :

                 “Oui, j’ai été un homme comme les autres,

                  nourri de pain, de  rêve, de désespoir” (M.F.192)

peut-on lire dans la “Préface en prose”. Puis, se ravisant :

                 “Et pourtant, non!

                 Je n’ étais pas un homme comme vous.

                 Vous n’êtes pas nés sur les routes : personne n’a jeté à l’égout vos petits

                 vous n’avez pas erré de cité en cité

                 traqués par les polices

                 vous n’avez pas connu les désastres à l’aube,

                 les wagons de bestiaux

                 et le sanglot amer de l’humiliation,

                 accusés d’un délit que vous n’avez pas fait,

                 d’un meurtre dont il manque encore le cadavre, (…)” (M.F.192)

 

Rarement poète aura, de façon aussi simple et aussi saisissante, témoigné de l’indignité humaine.

Le poème finit par buter à cette image où aboutit toute lamentation juive : celle du Mur “ lépreux”, devenu “asile de lézards”, qui ne témoigne plus que du silence et de l’absence de Dieu.

 

Ressusciter Dieu

Fondane est persuadé de vivre une époque marquée par l’abandon de Dieu , ainsi qu’il l’écrit de façon explicite  dans un carnet de travail en 1943 :

 

“Nous sommes à une époque (ou peut-être est-elle en train de finir) dominée par cette absence de Dieu. Mais je n’entends pas par absence, privation. J’entends par absence un trou, un inachèvement, une nostalgie de, une présence d’absence, quelque chose comme un rien solide, substantiel, créateur d’actes. Tout ce que nous avons écrit, pensé édifié, ne s’était proposé qu’un seul but : combler un fossé, combler le trou que l’absence de Dieu avait ouvert dans notre univers.”[6]

 

En écho à ce texte que nous venons de citer paraît dans sa poésie  un  Dieu  “ enterré sous les murs du temple écroulé”. Quant au temple,  c’est un “lieu livré aux orties , aux désolations du sel”. L’herbe  y pousse , les enfants y pissent : que reste-t-il de ce lieu , de “ cette masse qui fut dense/ cet espace qui fut le  temps” ? Espace et temps  ont sombré , disloqués, déchiquetés par les forces du mal, et les hommes  ont été chassés de leur logis, jetés  sur les routes : “mon sang est sur les routes, puisse-t-il ne pas crier vengeance”.

 

            Si, selon la doctrine du tsimtsoum [7] , Dieu s’est retiré en soi pour permettre au monde et à l’homme d’exister,  c’est à l’homme qu’il incombe aujourd’hui de s’effacer pour faire une place à Dieu  : faisons- lui “une place dans nos draps” , cédons- lui “une part de boisson”  C’est à l’homme seul qu’il est donné de ressusciter Dieu :

         “Dieu est mort ?Eh sans doute ! Mais n’est ce pas notre tâche de le ressusciter,

          de l’engendrer à nouveau,

          une part de boisson dont il se peut qu’il boive

         -afin que son jeûne cesse

         et notre exil aux terres chauves de la Stupeur ?” (M.F.240)

           

A la fin de L’Exode , Dieu admoneste ceux que la paix  a “abêtis”, renouvelant la promesse faite à Jacob de ne pas l’abandonner  :  “Je serai avec vous”.

 

“Il vous faudra  marcher avec des reins d’angoisse

jusqu’aux terres de la fatigue – et s’il se peut plus loin.

Je serai avec vous , dans la boue et la poisse.

 

mais je serai en vous   Celui qu’on ne voit point.”

           

Et, “dans ce point précis d’absence”  L’Exode se termine sur une vision d’apocalypse : “ je tenais une nuit nouvelle dans ma main”. Une autre vie va-t-elle  débuter , “dans un monde sans commencements  ni fins”? Le lecteur ne peut s’avancer plus loin  dans la vision du poète qui se contente de crier  :”C’EST !”

            Car, pour Fondane , le poème, -  cri ou prière -, est le seul langage à même de modifier le monde , le seul capable de réveiller Dieu. Si tel est le pouvoir de la poésie,  force lui est de continuer à  chanter, à crier, à prier : seul témoignage d’une irrésignation , d’une liberté supérieure.                                      


 

Article publié dans Foi et Vie en décembre 2001.

 


[1] Toutes nos citations du Mal des Fantômes (M.F.) renvoient à l'édition Plasma, Paris,1980. (L'ouvrage a été réédité en 1996 aux éditions Paris-Méditerranée).

[2] André Montagne, “Les derniers jours de B. Fondane”, Les Lettres Françaises, 26 avril 1946.

[3] Pour une analyse du terme,  voir M. Jutrin, “Poésie et philosophie de Benjamin Fondane”, Cahiers Benjamin Fondane , no2, 1998.

[4] Voir l’étude  de Michaël Finkenthal, “B. Fondane le philosophe entre le Dimanche de l’Histoire et le Lundi existentiel”, colloque de Royaumont, avril 1998. Actes à paraître  en 2001 aux éd. du Nadir.

[5] Lettre de décembre 1943 publiée dans Benjamin Fondane et les Cahiers du Sud. Correspondance, Bucarest, éd. de la Fondation Culturelle Roumaine, 1998. Dans un brouillon de cette lettre, Fondane ajoutait : “et ma seule bouée de sauvetage en un temps où ma vie est tous les jours en péril”.

[6] Voir à ce sujet le texte de Benjamin Fondane : “Léon Chestov à la recherche du judaïsme perdu”, Revue Juive de Genève, IV, 1936, et l’article de Gilla Eisenberg : “Benjamin Fondane, juif témoin” dans Cahiers Benjamin Fondane, no2, 1998.

[7]  La doctrine du TSIMTSOUM (terme hébreu que l’on peut traduire par contraction ou concentration) a  été énoncée par le kabbaliste Luria de Safed au XVIme  siècle. Selon cette doctrine, Dieu s’est retiré en soi, s’est exilé en lui-même pour permettre au monde et à l’homme d’exister; c’est l’homme qui met le point final à la création, comme un processus sans cesse renouvelé, toujours inachevé.

Fondane, qui s’était intéressé á la pensée mystique juive, cite Luria dans un de ses écrits de jeunesse : “Judaïsme et Hellénisme”, série d’articles publiés dans la revue juive roumaine Mântuirea en 1919, et republiés par Léon Volovici et Remus Zastroiu, editura Hasefer, Bucarest, 1999. (une traduction partielle a paru dans les Cahiers Benjamin Fondane no 2, 1998.)